Crédit : Benoit Billard

Varda Kakon
Présidente de l’Association des Superviseurs Musicaux

Le 29 juin, à 14h30, à Rochefort, Rebecca Delannet de My Melody modèrera la table ronde, «  Enregistrements internationaux et Syndicats d’artistes (SAG-AFTRA, AFM…) » organisée dans le cadre des Rencontres professionnelles de Soeurs Jumelles. Le même jour, Jessica Ibgui, consultante Warm Music, guidera deux keynotes organisés en partenariat avec le CNM et consacrés à Thomas Golubić, superviseur pour SuperMusicVision, et à Georgette Cisneros-Bivins,supervisuese musicale dans la publicité. Le point commun des deux modératrices ? Elles sont membres de l’ASM, l’Association des Superviseurs Musicaux qui, depuis la première édition, est fidèle à Soeurs Jumelles.

Présidente de cette structure incontournable des filières Musique et Image, Varda Kakon raconte le rôle de l’ASM et le métier de superviseur qu’elle pratique au sein de VK Productions. Elle a notamment travaillé sur la série “Dix Pour Cent”, et les films Eiffel, Bac Nord et le très attendu Monsieur Aznavour.

Pouvez-vous expliquer la fonction d’un superviseur musical ?

Un superviseur musical est en quelque sorte un producteur délégué de la musique : son rôle est central. Nous sommes les producteurs délégués de la musique pour l’aspect artistique, juridique et financier et tout ce que ça comporte : la partie production exécutive d’un score original de la musique originale et tout ce qui va concerner le droit de synchronisation, c’est-à-dire les achats de droit de toutes les œuvres préexistantes chez les éditeurs, chez les labels ou chez les deux pour synchroniser des musiques. Nous gérons un budget dans lequel doivent rentrer toutes les demandes du réalisateur, que ce soient des achats de titres préexistants ou la fabrication d’un score original.

Et quid du rôle de l’ASM ?

Elle a pour vocation d’éduquer sur notre métier. Elle permet notamment à des producteurs ou à des réalisateurs, qui ne connaissent peut-être pas notre fonction, de mieux appréhender notre travail. Il y a aussi l’aspect juridique : nous échangeons sur les modèles de contrats des compositeurs, des musiciens, nous réfléchissons à la façon d’améliorer la relation avec les plateformes, les majors, les producteurs…
On est aujourd’hui une quinzaine de membres. Le métier, très répandu outre-Atlantique, a une vingtaine d’années en France. Les membres de notre syndicat travaillent essentiellement pour le cinéma, la télévision et un peu pour la publicité. Peu sont dans le jeu vidéo mais quelques-uns commencent.

 

Allez-vous souvent à la rencontre des étudiants et des professionnels de l’audiovisuel pour les sensibiliser à votre métier ?

Tous les membres actifs de notre bureau vont dans les festivals. J’ai fait deux tables rondes au Festival Sœurs Jumelles sur la supervision musicale, d’autres sont allés au Festival de Cannes, au festival Musique et Cinéma à Marseille… On est aussi plusieurs à avoir donné des conférences dans des conservatoires ou au CNSM (Conservatoire National Supérieur de Musique et de danse de Paris).

Comment devient-on superviseur ?

Il n’y a pas de cursus type. L’association compte une quinzaine de membres issus d’univers différents : des maisons de disques, des producteurs indépendants, des superviseurs… Dans notre association, les superviseurs qui travaillent le plus sont ceux qui ont la plus grosse expérience, c’est-à-dire ceux qui sont là depuis un moment et qui ont fini par acquérir un savoir-faire plus important. Le métier de superviseur demande des notions de production, des notions juridiques sur le droit d’auteur, sur le droit de synchronisation, sur le droit de l’édition musicale… Il y a un triple aspect primordial à ce métier. D’abord un aspect artistique : il faut avoir une bonne culture musicale et une certaine sensibilité pour appréhender ce que les réalisateurs et producteurs du film attendent de nous artistiquement et les aider au mieux. Notre rôle est de nous mettre au service du film, d’apporter un savoir-faire qui aidera le réalisateur ou le compositeur à trouver un chemin artistique. Ensuite, il y a l’aspect juridique – les droits musicaux -, puis la production exécutive qui consiste à gérer le budget que le producteur nous confie.

En quoi Sœurs Jumelles est-il important pour les métiers de l’ombre ?

Quand je suis venue en 2022, j’ai énormément découvert grâce à la diversité des sujets abordés, des tables rondes proposées, des acteurs du secteur invités, des concerts valorisant des univers très différents… Le festival a par exemple eu l’idée intéressante d’associer dans sa programmation des superviseurs avec un projet de film, un réalisateur ou un compositeur. On est toujours tous dans notre coin, on pédale à deux mille à l’heure, chacun sur ses projets, mais Soeurs Jumelles est l’occasion de se retrouver, de se rencontrer. Une petite bulle se crée avec des moments d’échanges rares pour les professionnels et des instants de partage et de pédagogie précieux pour le public et ceux qui souhaitent en apprendre plus sur les filières Musique et Image.

Pour découvrir l’ensemble du programme des Rencontres professionnelles, rendez-vous sur cette page.

Propos recueillis par Morgane Giraudeau