Présente à la prochaine édition du Festival Sœurs Jumelles où elle se produira sur scène le 27 juin (Accédez à la billetterie), Poppy Fusée prépare son tout premier album solo, attendu début 2024. Avec son premier EP “La Lune”, sorti en 2022, l’artiste nous faisait découvrir sa musique aux tonalités douces et rêveuses et son univers riche en couleurs.
Comment la musique est-elle arrivée dans votre vie ?
Cette passion est arrivée très jeune. Mes parents se sont séparés quand j’étais petite et j’ai des souvenirs très distincts chez l’un et l’autre. Chez mon père, on écoutait plutôt du David Bowie, du Léonard Cohen… De la musique un peu classique. Chez ma mère, par contre, on avait le droit d’écouter les Spice Girls, les L5, etc, des trucs un peu plus pop. Du coup, j’écoute tout avec le même sérieux. J’ai été nourrie de ça mais je me suis mise à la musique très tard, à 21 ans. J’ai rencontré un garçon qui avait un groupe de musique : il cherchait des textes et j’en avais. C’est comme ça que je me suis retrouvée dans Part-time Friends qui a duré 10 ans.
Quels sont les thèmes qui vous inspirent ?
Comme je n’écris pas chez moi, je ne décide jamais du sujet d’une chanson à l’avance. C’est vraiment un mood, un état. À un moment donné, il y a un petit fil et je le tire. Je me rends souvent compte de quoi parle la chanson à la fin. Sur mon premier EP, les thèmes abordés sont le deuil, se retrouver, se reconstruire, l’amour…
Je pensais vraiment qu’après l’EP qui parle de deuil et de guérison, j’allais faire quelque chose de beaucoup plus solaire pour l’album mais pas du tout. On continue sur cette idée de vouloir laisser derrière soi les choses sombres et de vouloir aller de l’avant, toujours avec cette petite touche d’espoir et d’amour.
Vos clips sont tous très colorés et ont chacun un univers bien défini. Quelle place a l’image dans votre travail ?
Centrale. Quand j’ai lancé Poppy Fusée, j’avais l’idée des artworks, de mes pochettes, quasiment avant que je n’écrive les chansons. Le visuel est très important pour moi. On vit dans un monde d’images, via les réseaux sociaux, les écrans, et se présenter par ce biais est essentiel. D’autant plus que je suis illustratrice en parallèle de mon travail de chanteuse.
Le clip de “La Lune” est animé. Qui l’a réalisé ?
Un ami qui s’appelle Néville et qui a fait des clips pour Catastrophe et d’autres artistes. J’ai toujours adoré son univers. “La Lune” a des connotations un peu années 80, mauvais goût, surtout au niveau du refrain. Donc je me suis dit que, si je faisais un clip où je me montrais, ce serait trop kitch. On a voulu casser cet effet en prenant de l’animation et j’en suis ravie.
Quid du clip de “Pesanteur” ?
Il a été réalisé par Mathilde Petit : la chanson a été créée en 2016 pour un court-métrage qu’elle avait réalisé. Je n’ai donné aucune indication, je me suis juste laissée embarquer. Olivia, une artiste plasticienne, a fait les collages que l’on voit dans la vidéo.
Seriez-vous intéressée par la musique à l’image ?
Totalement ! J’ai la chance de vivre avec quelqu’un dont c’est le métier. Mon copain fait de la musique à l’image donc on travaille ensemble pour de la publicité. C’est un exercice particulier. J’adorerais faire une B.O. de film un jour. Pour un film indépendant sur le voyage, par exemple, mais je suis sûre que je pourrais le faire sur une comédie parce que j’ai un côté pop, joyeux qui ressort dans certaines chansons. On me dit beaucoup que ma musique est très cinématographique donc j’espère qu’un jour, ça arrivera aux oreilles d’un réalisateur ou d’une réalisatrice.
Qui pense et créé les images de votre compte Instagram “Le Refuge de l’Imaginaire” ?
J’ai découvert un logiciel d’intelligence artificielle qui s’appelle “Midjourney” il y a quelques mois et je suis tombée dans le trou. Depuis que je suis enfant, je lis beaucoup. Dans ma tête, j’ai des mondes imaginaires. C’est pour moi un vrai refuge. Je n’aimais pas l’école, j’étais très anxieuse et donc, dès que j’avais une montée d’anxiété et que je ne voulais pas faire face à la réalité, je switchais dans ma tête. Avec ce logiciel, je peux écrire ce que j’imagine et l’intelligence artificielle crée une image à partir de ça. J’ai trouvé ça absolument génial donc j’ai créé ce compte Instagram pour mon plaisir personnel. Je me suis rendue compte que ça apaisait aussi d’autres personnes.
Nous sommes ravis de vous accueillir au Festival Sœurs Jumelles en juin. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’y participer ?
Le nom déjà. Si vous remontez un peu dans mes réseaux sociaux, vous pourrez voir que ma meilleure amie, November Ultra et moi, on reprend “La Chanson des Jumelles” des Demoiselles de Rochefort a capella. C’est un film qui nous tient à cœur. On s’est déjà déguisées en Demoiselles de Rochefort donc le nom a résonné en moi. Je ne suis jamais allée à Rochefort donc c’était aussi l’occasion de visiter un nouvel endroit. Et puis, j’adore Zaho de Sagazan qui va jouer, Véronique Sanson également.
J’ai hâte !
Que pensez-vous de la représentation des femmes dans la musique ?
J’ai été dans un groupe pendant 10 ans, avec 5 hommes sur la route tout le temps, et je ne me posais même pas la question. On a toujours eu un entourage professionnel très sain, assez safe. Je n’ai pas vraiment évolué en tant qu’entité féminine quand j’étais dans Part-Time Friends. Par contre, autour de moi, pour toutes mes amies qui ont eu un projet solo face à des hommes dans des studios, des labels, c’était un petit peu plus difficile. Aujourd’hui, j’ai 36 ans et je rencontre beaucoup de jeunes artistes qui ont dix ans de moins que moi et je suis très émue de voir à quel point elles savent ce qu’elles veulent et ce qu’elles ne veulent pas. Émue de voir à quel point elles ont du recul. Elles ont une sorte d’assurance qui défie tout et je suis heureuse parce que ça veut dire que des artistes de ma génération ont enfoncé des portes, donné l’exemple, qu’il y a eu de vrais modèles. Malgré tout, il reste un travail colossal et considérable. Je crois qu’on est 13% de femmes inscrites à la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de la musique). Quand j’ai appris ce chiffre, je suis tombée de ma chaise. Il suffit de lire le rapport du CNM (Centre National de la Musique) pour se rendre compte que, oui, il manque des femmes partout. Sur le devant de la scène mais surtout derrière : il manque des femmes ingénieures du son, des musiciennes, des régisseuses, des cheffes de projet… Personnellement, je veille à la parité sur ma tournée et j’ai demandé spécifiquement une ingénieure du son. C’est dommage de devoir se dire “Je fais ce choix donc j’écarte un homme” mais on est obligé de faire cette gymnastique du cerveau pour l’instant. C’est bien de faire cet effort jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus besoin.
Interview : Morgane Giraudeau
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