A l’affiche de Yo mama de Leila Sy et Amadou Mariko, présenté en avant-première au Festival Soeurs Jumelles avant sa sortie nationale le 5 juillet, Claudia Tagbo réalisait récemment son premier court-métrage Le dødsing, dans le cadre des Talents Adami Cannes 2023. Le titre du film, disponible sur france.tv, évoque un sport méconnu -et pour le moins loufoque- consistant à manquer volontairement un plongeon pour effectuer le plus beau plat. Une discipline à laquelle l’héroïne décide de se consacrer à la suite d’une performance ratée au concours du village. Pour mettre en musique cette fiction réjouissante qui multiplie les clins d’œil à Karaté Kid, la comédienne s’est spontanément tournée vers Thimothée Aymard et Amoria Draoua dont le groupe The City l’accompagne depuis longtemps sur ses spectacles.
Propos recueillis par Pierre Lesieur
Comment est née l’idée de traiter un tel sujet ?
Claudia Tagbo : Au départ, je voulais un sport de niche, comme le lancer de poids ou le javelot. Mais avec ma co-auteure Rosalie Moja -qui comme moi a fait du lancer -on s’est dit : « En tant que femmes, il faut aller encore plus loin, avec un sport encore plus insolite sur lequel il n’y a pas de lumière du tout.
Amoria, Thimothée, comment Claudia vous a-t-elle proposé de composer la musique de ce court-métrage ?
Amoria Draoua : On a la chance de la connaître depuis quelques années et si on devait avoir une marraine, une bonne fée, ce serait certainement elle : elle nous a lancés dans le milieu. On a eu la chance de faire ses premières parties et Thimothée a été son guitariste sur plusieurs spectacles. On a vécu de merveilleux moments ensemble : tournée des zéniths, Stade de France… Quand s’est présentée l’opportunité pour elle de réaliser son premier court-métrage, elle nous a tout naturellement proposé. Elle nous a dit : « Les gars, on se connaît par cœur. J’ai plein d’idées pour la musique et j’ai vraiment envie de le faire avec vous ».
C’était votre première expérience de composition pour l’image ?
Thimothée Aymard : Non, on avait déjà fait le documentaire de Jeff Panacloc. Et de mon côté, j’avais fait la musique de Compte tes blessures, le long-métrage de Morgan Simon en 2016. Mais le film de Claudia, on voulait le faire ensemble parce qu’on se sent fort à deux. Sur des projets comme ça, ça compte.
Claudia, quelles consignes leur avez-vous donné ?
Claudia : Je leur ai surtout dit de se faire confiance, de me suivre, de nous faire confiance. En tant que comédienne, j’ai pour habitude de travailler en mélangeant l’imaginaire du réalisateur au mien. J’essaye de trouver le juste équilibre mais pour ça, il faut que je me sente à l’aise. Si je ne le suis pas, je ne donne rien. Donc je voulais vraiment qu’ils se sentent à l’aise pour être force de propositions. Et moi, je poussais le curseur de-ci de-là.
Thimothée : Par exemple, la scène d’introduction est une kermesse. Au départ, on avait quelque chose d’un peu hype, un peu house, en tête. Mais Claudia voulait une musique plus populaire, un peu comme une fanfare … Elle nous a donné des directives très précises en nous expliquant avec ses mots l’ambiance qu’elle envisageait et ce que ressentaient les personnages. Et puis, elle nous a aussi demandé de créer un thème qui reviendrait dans toutes les phases du film. Et si vous faites bien attention, c’est en fait la même musique qui revient partout.
Pourquoi cette directive ?
Claudia : C’était un challenge. Dans certains films, cela m’ennuie quand il y a une musique pour la tristesse, une autre pour la joie, et encore une à chaque nouvelle émotion. Dans la vie, tout le monde a un rythme particulier, c’est juste qu’on remonte ou qu’on descend le curseur en fonction des moments. C’est ce que j’aime et ce que je leur ai demandé.
Quelle place vouliez-vous donner à la musique dans le film ?
Claudia : Dans ma vie, la musique occupe une place très importante. Même chose dans mes spectacles. Il ne pouvait en être autrement dans le film.
Amoria : Pour nous, c’est une chance incroyable de travailler avec quelqu’un d’aussi sensible à la musique. C’est challengeant, euphorisant et excitant.
Claudia : Je les ai vus en salle de mixage à la recherche de la note parfaite. Ils ne laissent rien passer alors qu’on se connait depuis des années et qu’ils auraient pu relâcher un peu la pression !
À quel moment la musique a-t-elle rencontré l’image ?
Thimothée : Dès qu’on a reçu un premier jet de montage, on a pu mettre de la musique dessus. On a beaucoup travaillé avec Claudia et la monteuse Alice Plantin en faisant des allers-retours entre leur travail et le nôtre.
Claudia : Ils ne le savent pas, mais Alice m’a dit que leur musique l’avait énormément aidée à travailler. Ça a rythmé l’image, ça lui a permis d’enlever tout ce qui était fioritures, tout ce qui dépassait. Et puis, avec leur musique, les images gagnent en profondeur.
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